Hommage aux Victimes de Furiani : Mémoire et Identité de l’OM

Le 5 mai 1992, la tribune nord du stade Armand-Cesari de Furiani s’effondrait avant la demi-finale de Coupe de France entre Bastia et l’Olympique de Marseille, causant la mort de 18 personnes et faisant plus de 2 300 blessés. Plus de trois décennies après cette catastrophe, l’Olympique de Marseille continue d’honorer la mémoire des victimes, perpétuant un devoir de mémoire essentiel dans l’histoire du football français.

Un hommage annuel porteur de sens

Chaque année, à l’approche du 5 mai, l’Olympique de Marseille organise une cérémonie commémorative pour honorer les victimes de la tragédie de Furiani. Cette année encore, le président Pablo Longoria, accompagné d’une délégation du club, s’est recueilli devant la stèle commémorative. Ce geste solennel s’inscrit dans une tradition désormais ancrée dans l’ADN du club phocéen.

« Cette tragédie fait partie de notre histoire commune. Nous avons un devoir de mémoire envers les victimes et leurs familles », a déclaré Pablo Longoria lors de la cérémonie. « L’OM était présent ce jour-là et restera toujours solidaire avec la communauté corse et les familles touchées par ce drame. »

La commémoration a également été marquée par la présence d’anciens joueurs marseillais qui étaient dans l’effectif en 1992, témoignant de l’impact durable de cette tragédie sur le club.

La loi du 14 octobre 2021 : une reconnaissance nationale

L’hommage de l’OM s’inscrit dans un cadre plus large de reconnaissance nationale. Depuis l’adoption de la loi du 14 octobre 2021, aucun match de football professionnel ne peut être joué en France le 5 mai, date désormais sanctuarisée. Cette décision, fruit d’un long combat mené par le collectif des victimes et leurs familles, a été saluée par l’ensemble du monde sportif.

L’Olympique de Marseille avait d’ailleurs été l’un des premiers clubs à soutenir cette initiative, bien avant son adoption officielle, en refusant à plusieurs reprises de disputer des rencontres à cette date symbolique.

Un lien indéfectible avec la Corse

La relation entre l’OM et la Corse transcende le simple cadre sportif. De nombreux joueurs corses ont porté les couleurs marseillaises au fil des années, comme Christophe Parra, présent lors du drame, ou plus récemment François Modesto.

Cette proximité géographique et culturelle explique en partie pourquoi le club marseillais se sent particulièrement concerné par cette tragédie. Les supporters des deux clubs entretiennent également des relations cordiales, renforcées par ce drame qui les a unis dans la douleur.

Une mémoire qui façonne l’identité du club

Au-delà de l’aspect commémoratif, cet hommage annuel contribue à forger l’identité de l’Olympique de Marseille. Le club phocéen, souvent décrit comme populaire et passionnel, se distingue aussi par son engagement social et sa fidélité aux valeurs de solidarité.

« L’OM n’est pas qu’un club de football, c’est une institution qui porte des valeurs fortes », explique Jacques Cardoze, ancien directeur de la communication du club. « La commémoration de Furiani rappelle que le football n’est pas qu’un sport, mais aussi un vecteur de mémoire collective et de cohésion sociale. »

Cette dimension mémorielle s’inscrit dans une politique plus large du club visant à honorer son histoire et ses moments marquants, qu’ils soient glorieux ou tragiques.

Un exemple pour d’autres clubs européens

L’engagement de l’OM dans ce devoir de mémoire fait figure d’exemple dans le paysage footballistique européen. D’autres clubs, comme Liverpool avec la tragédie de Hillsborough (96 victimes en 1989) ou la Juventus Turin avec le drame du Heysel (39 morts en 1985), entretiennent également la mémoire de catastrophes similaires.

Ces commémorations partagent toutes un même objectif : honorer les victimes tout en rappelant l’importance de la sécurité dans les stades. Elles contribuent également à humaniser le football professionnel, souvent critiqué pour sa marchandisation excessive.

Une transmission aux nouvelles générations

L’un des défis majeurs de ces commémorations réside dans la transmission de cette mémoire aux jeunes générations de supporters qui n’ont pas connu directement ces événements tragiques.

Pour y répondre, l’OM a développé plusieurs initiatives, notamment au sein de son centre de formation où des séances de sensibilisation sont organisées. Le club a également créé une section dédiée à cette tragédie dans son musée, permettant aux visiteurs de comprendre l’ampleur du drame et son impact sur l’histoire du club.

« Il est essentiel que les jeunes joueurs et supporters comprennent ce qu’il s’est passé à Furiani », souligne un responsable du centre de formation. « Cette tragédie fait partie de notre héritage commun et doit continuer à nous rappeler que le football, malgré sa dimension festive, peut aussi être confronté à des drames. »

Conclusion

L’hommage aux victimes de Furiani par l’Olympique de Marseille dépasse largement le cadre d’une simple commémoration annuelle. Il s’agit d’un pilier fondamental dans la construction identitaire du club, renforçant son ancrage dans des valeurs de respect, de solidarité et de mémoire.

En honorant les victimes de cette tragédie, l’OM ne se contente pas de regarder vers le passé ; il bâtit un avenir où le sport reste un vecteur d’unité et de respect. Cette démarche mémorielle, partagée avec d’autres institutions sportives européennes, rappelle que le football, au-delà de sa dimension spectaculaire, demeure avant tout une aventure humaine, avec ses joies mais aussi ses peines.

La tragédie de Furiani, inscrite désormais dans la loi française, continuera d’être commémorée chaque année, perpétuant ainsi le souvenir des 18 personnes qui ont perdu la vie ce 5 mai 1992, et rappelant à tous que la passion du football ne doit jamais faire oublier la sécurité de ceux qui la vivent.